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jeudi 3 avril 2014

Après coup. Élue d'opposition, un long "chemin de croix"

A lire la tribune d'Élisabeth Hascoet, publiée sur le blog d'Europe Écologie - Les Verts deux jours après le vote, on sent qu'être élue d'opposition a été pour elle un long parcours semé d’embûches, d'abnégations. Elle n'a pourtant pas rechigné à la tâche et s'est investie comme elle le pouvait dans les interstices laissés à l'opposition pour faire entendre une autre voix, un autre point de vue. 



En pure perte. Sa conclusion est éloquente quant à l'état de la démocratie, encore plus après le vote du 30 mars : "[...] avant de parler de démocratie participative, il faudrait se préoccuper des dysfonctionnements de la démocratie représentative." Entende qui voudra. La nouvelle opposition est prévenue. Non, le "western" n'est pas fini.


Témoignage d'une élue EELV, après six ans dans l'opposition à Douarnenez

Je viens de vivre un mandat dans l'opposition pendant six ans, j'avoue que c'est une tâche ingrate. 
Pour mémoire, j'étais la seule élue écologiste, pour Europe Ecologie Les Verts (EELV). 
Peu de  temps après les élections municipales de 2008, trois groupes se sont formés dans l'opposition à gauche :  le groupe des 3 élu-es du Parti socialiste, le groupe des 3 élu-es Parti communiste/Alternatifs (Front de gauche) et le groupe EELV composé d'1 seule élue (ainsi que le permet le code des collectivités territoriales). Chaque groupe dispose d'une parole autonome au conseil municipal et sur la page réservée à l'expression des élus minoritaires dans le magazine municipal. 
A mi-mandat, un quatrième groupe d'opposition a été créé à droite avec sept élu-es issus de la scission au sein de la majorité. 

Les commissions municipales : 
les chaînons manquants...


J'ai assisté, autant que mon activité professionnelle le permettait, à pratiquement toutes les réunions de commissions dans lesquelles j'étais inscrite : commissions permis de construire, urbanisme, environnement, affaires scolaires. Je n'ai pas raté une seule des réunions municipales de préparation du plan local d'urbanisme.  
Je dis "assister", car ces réunions sont déjà des chambres d'enregistrement de décisions prises en amont par les élus majoritaires ! Ces réunions sont donc l'occasion de connaître un peu à l'avance, mais guère plus, le contenu des délibérations qui sont votées en conseil municipal. Mais comme le nombre réduit des élus d'opposition ne permet pas à chacun d'être présent dans toutes les commissions, nombre de sujets leur échappent !!  Par ailleurs, nombre de décisions ne font pas l'objet de délibérations au conseil municipal, elles sont prises directement dans les commissions (appels d'offre, permis de construire, ...), ou dans les services (achats, entretien des bâtiments...), sous la supervision des élus majoritaires, principalement les adjoints. En tant qu'élue d'opposition, je me suis souvent abstenue de demander copie de documents qui m'auraient intéressée, car certains d'entre eux ne sont pas considérés comme des documents administratifs auxquels l'accès est de droit, et que la demande doit nécessairement transiter par un élu majoritaire, adjoint de préférence, ce qui à la longue est décourageant !!     Au final, j'ai souvent appris davantage sur les coulisses en lisant la presse qu'en étant présente en mairie !! La rétention volontaire des informations et la pratique du secret ont été courants, tout au long du mandat. Le dernier épisode en date est celui de la décision d'abandon du projet des Halles, prise bien en amont de son annonce par le maire au débat électoral télévisé.  

D'où cette désagréable sensation persistante d'être en face d'un puzzle avec de nombreuses pièces manquantes !!


La préparation des conseils municipaux : 
des échanges peu visibles
Une semaine avant la réunion du conseil, chaque conseiller municipal reçoit, sous forme papier; une volumineuse liasse des délibérations (une centaine de pages). Il connaît certaines d'entre elles présentées en amont dans les commissions ad hoc.  
Il faut avouer que le fait de ne disposer que d'un exemplaire papier de la fameuse "liasse" rend difficile une réflexion collective approfondie, avec des non-élus. Néanmoins, nous avons au sein du groupe local EELV, débattu avant chaque séance du conseil municipal de l'opportunité et de la teneur des interventions à faire au nom du groupe, pour porter une parole constructive. Il m'appartenait ensuite de préparer le détail de ces interventions, en recherchant les informations fiables pour expliquer les propositions, étayer les arguments...Tout cela demande du travail ! Le résultat, c'est au mieux quelques lignes dans la presse locale, c'est très frustrant !  
Avant chaque conseil municipal, j'ai également rencontré les élus du Parti socialiste, occasions régulières de partager des informations, de confronter nos points de vue, élucider nos divergences, prendre conscience de nos convergences, de répartir nos interventions au conseil, nous accorder sur la façon de voter (pas toujours unanimement, respect des convictions de chacun oblige ! )... C'est ainsi que pendant six ans nous avons appris à nous connaître, à nous apprécier, ce qui a mené à la création de la liste Ambition Douarnenez pour les élections municipales 2014. 

Le conseil municipal : 
au théâtre ce soir ! 
Parlons maintenant des séances du conseil municipal où j'ai été assidue. Le public de cette séance "au théâtre ce soir" est peu nombreux : quelques habitués et les journalistes à qui reviendra de choisir pour leurs lecteurs les moments qu'ils estiment les plus percutants ou les plus savoureux de cette grande joute verbale !! Quelques élus seulement de la majorité s'expriment, à savoir le maire qui préside et les adjoints qui répondent aux questions posées par l'opposition, les autres sont comme des poupées de cire.  
Chaque groupe d'opposition s'exprime, en espérant que ses propos seront repris par les journalistes, sinon ces propos sombreront dans l'oubli ! La concurrence entre certains groupes règne, c'est à qui dégainera le premier, j'ai vu des élu-es sauter sur le micro avant qu'un-e autre intervienne !! 
Puis, c'est l'affrontement, avec des bons mots et des phrases choc, pour attirer l'attention et déstabiliser ou discréditer l'adversaire... L'obstruction et les manœuvres dilatoires font souvent office de débat contradictoire...Alors fusent les noms d'oiseaux, les remarques désobligeantes ou blessantes, les regards méprisants ou narquois... L'irrespect est de mise, tous les coups sont permis... 
Les années passant, j'avais mal au ventre quelques heures avant de descendre dans l'arène, et je me réveillais le lendemain matin toute courbaturée, comme si j'avais été meurtrie dans un combat au corps à corps !! 

Le compte-rendu des conseils municipaux : 
la portion congrue...
Que reste-t-il après ce mauvais western ? Pour ma part, rincée par la séance, il me restait juste assez d'énergie, en rentrant chez moi, pour mettre en ligne sur ce blog, le texte des interventions que j'avais préparées !!  
Les échanges au conseil municipal resteront inconnus du grand public, car ils ne sont pas filmés, (comme c'est le cas dans d'autres communes), ils ne sont pas transcrits dans un procès-verbal, (alors que la loi l'impose). [NDR : même si ici, dans le Télégramme ou Ouest France, nous faisons tous du mieux possible pour vous restituer l'ambiance de ces échanges.]
Les délibérations sont de simples relevés de décisions, qui sont mis en ligne sur le site internet de la ville, sans les documents annexés qui permettraient de les comprendre (textes des conventions signées, plans cadastraux...), ce qui "s'avère insuffisant pour renseigner les élus absents et les citoyens sur le contenu des débats et les raisons qui expliquent les décisions du conseil municipal". (rapport 2013 de la Chambre régionale des comptes)


Elisabeth Hascoet, élue minoritaire EELV, de 2008 à 2014

6 commentaires:

  1. Voilà qui est éclairant pour qui rêve d'une démocratie vivante. Même l'engagement sacerdotal dans une opposition "constructive" semble vain ! Le temps de la démocratie est terminé, pour 6 ans. Chacun a vidé sa boutique, on n'ira plus sonner chez le chaland, et chacun prend son parti (ou se qu'il en reste) des résultats. A de rares exceptions près on ne les rencontrera même plus sur les marchés. Vous avez dit participative ? Et l'on peut s'étonner de voir associés ici le Télégramme, Ouest France et Les sardines, comme s'ils prétendaient faire le même métier : informer en toute indépendance. La preuve que ce n'est pas vrai, puisque même une élue n'est pas bien informée de ce qui se décide en "haut lieu".
    Un jouet faute de clarté la machine se grippe. Et n'en déplaise aux retraités frileux la machine démocratique semble fatiguée. Une question reste posée que va faire l'opposition pour inventer cette indispensable énergie si le terrain se dérobe et que les décisions se prennent entre 4 yeux et dans un bureau au Palais du Luxembourg ?
    Merci quand même Mme Hascoet pour avoir soulevé de vraies questions et pour le faire encore. Nous aimerions que tous (même dans la majorité) le fassent, plus que jamais, et viennent en rendre compte dans ces fameux journaux censés nous informer. Je rêve...

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  2. MADAME HASCOET merci pour votre courage comme pour vos collègues de l'opposition , vous êtes vous et la liste ambition Douarnenez les victimes collatérales de la gouvernance de l'exécutif qui n'a pas pris en compte les avertissements des électeurs de son camp .
    Les électeurs et électrices n'ont pas votés pour l' u m p mais contre la politique menée par le pouvoir en place .
    Vous n'avez pas démérité , ces élections locales ont été transformées en référendum par la droite .
    Le 25 mai je pense que ce sera le même scénario car beaucoup de Françaises et de Français ne veulent pas de cette Europe libérale qui aggrave le chômage , mais je cesse de parler du NATIONAL pour me recentrer sur notre ville qui va entrer de nouveau dans un sommeil profond .

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  3. Comment parler de démocratie participative, lorsque la démocratie représentative est à ce point bafouée.
    Très ému par ce récit qui donne un éclairage sur le déroulement des conseils municipaux,où tout est bien ficelé d'avance ,où l'on donne plus d'importance à la forme qu'au fond,où une certaine presse ,en omettant les interventions dérangeantes,se rend complice de l'autorité en place.
    Je crains pour les 6 ans à venir: pourquoi changer une méthode de gouvernance qui a si bien fonctionnée: une réélection.
    La démocratie mérite sans doute mieux:DZ aussi.

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    1. La politique est mauvaise fille elle brûle ce qu'elle a adoré , de plus notre bonne ville est imprévisible , je me garderais ici de critiquer qui que ce soit car il faut y aller au charbon .
      Nous voici embarqué dans un train pour 6 longues années , un regret que je répète c'est que la gauche soit partie divisée .
      Ensuite il y a en France depuis quelques temps un fait inéluctable , quand la droite est au pouvoir la gauche gagne les élections locales et vice et versa

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  4. Il est dommage et même très dommageable de malmener la grammaire volontairement comme vous le faîtes, car si votre texte peut être apprécié et commenté pour son intérêt "pédagogique" de témoignage du fonctionnement d'un appareil (le conseil municipal) supposé démocratique, il paraît difficile de considérer "élu-es" comme une licence poétique. Cessez donc de suivre cette mode stupide qui massacre la langue française au prétexte de parité ou de féminisme mal placé. Les langues évoluent, c'est normal, mais on ne fait pas n'importe quoi. D'ailleurs vous décrédibilisez vous même votre écart de langage par incohérence puisque prise par le fil de votre propos, vous utilisez plusieurs fois correctement le terme "élus" quand le groupe cité comporte aussi des élues.
    Sur le fond votre narration est intéressante, mais suscite quelques remarques. Le fait de recevoir une centaine de pages-papier une semaine avant le conseil semble plutôt positif. Ce n'est pas le cas dans d'autres municipalités.
    Pour les procès-verbaux non conformes à la loi, les conseillers municipaux n'ont-ils aucun moyen d'action pour en exiger la conformité ?
    Vous avez de la chance si Le Télégramme et Ouest-France rendent l'ambiance grâce à vos efforts. S'ils sont présents à la ville, ils le sont beaucoup moins dans les communes rurales, et dans un cas comme dans l'autre, se contentent de résumés sauf cas d'incident ou événement à caractère sensationnel.
    Enfin, pour ce qui est de la démocratie représentative, les "grands" partis, dont le vôtre, ne donnent pas toujours l'exemple, en particulier quand il s'agit de désigner des représentants ou des candidats à diverses élections ou responsabilités. Ceci n'exonère évidemment pas les élus locaux au sein d'un conseil municipal ou communautaire.

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  5. Bien le bonjour aux Sardines douarnenistes. La lecture de cet article de votre blog nous rappelle quelque chose d'il y a six ans déjà. Ce qui prévalait en banlieue avait donc cours aussi sur les planches de la grande cité tout comme sur la scène qui réunit tout ce beau monde et que l'on nomme Communauté de communes. Il y a donc au moins un point commun, dommage que ce soit celui d'une pratique déplorable. Il se pourrait malgré tout qu'un peu, un tout petit peu, d'espoir nous arrive (et vous arrive) de la banlieue.


    http://www.survivreakerlaz.blogspot.fr/2008/04/rubrique-spectacles.html
    http://www.survivreakerlaz.blogspot.fr/2014/04/la-democratie-est-en-marche.html

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