E. coli & pêche à pied. Nul n’est censé ignorer le règlement… Ah bon ?

Pour en finir avec la présence d’Escherichia coli sur les zones de pêche à pied à proximité du port, la mairie a dégainé lundi, par voie de presse, le règlement portuaire. Ben, oui. C’est (presque) marqué dedans. Et comme personne n’est censé ignorer la loi ou le règlement, la polémique vient de s’éteindre ? Trop facile.

Effectivement, une fois le règlement "déniché" sur le site de la ville de Douarnenez et arrivé aux pages 12/13 de ce document, les informations nécessaires y sont (presque) bel et bien, ainsi énoncées :

“Chapitre X
Règles applicables aux activités nautiques sportives et de loisirs
Article 1 : Activité de pêche loisirs
Il est interdit :
• De ramasser des moules ou autres coquillages dans l'enceinte du Port de Plaisance.
• De pêcher dans ou sur les plans d’eau du Port de Plaisance ou dans les chenaux d’accès et de manière générale à partir de tous les ouvrages portuaires.
• Il est également strictement interdit d'installer filets, casiers, et palangres dans la zone portuaire.”

Bon, ok. Si c'est marqué, c'est que c'est applicable et donc appliqué. 

Le règlement portuaire pour se "couvrir"

Alors, on reprend. Point 1 : le ramassage des moules et autres coquillages est interdit dans l'enceinte du port, ok. Point 2 : pêcher dans ou sur les plans d'eau… Ben, pour ramasser des coquillages, ça ne va pas être facile, donc ça ne concerne pas le problème soulevé par l'interdiction, pas plus que le point 3, ces deux derniers points étant in fine réservés aux poissons et éventuels crabes.

Visiblement, la Ville voudrait pourtant faire croire que son règlement sur la pêche de loisir la couvre, au gré d'un arrêté permanent. Mais pas du tout, bernique ! En l'état, seul le fait de ramasser mollusques et autres bivalves est interdit sur les zones portuaires, pas à proximité. 

Et puis, comment faire appliquer un règlement quand la position de la municipalité est de "ne pas affoler les Douarnenistes qui font de la pêche à pied dans ce secteur depuis toujours ; et aussi pour un problème d'image de la ville" (Henri Caradec, adjoint à l'environnement – Le Télégramme – 14.04.2012) ?

Debout les crabes, la mer monte !

Exit donc l'argument avancé en réponse à l'avertissement de l'Agence régionale de santé (ARS Bretagne). Exit aussi l'île Tristan, la plage des Dames… sauf à les rajouter dans le communiqué diffusé à la presse et à avoir une vision "très large" de la zone portuaire, parce qu'il faudrait se couvrir. (Plans : • Port de Tréboul –  • Port-Rhu)

Ici, indécision et mauvais choix semblent avoir fait peser la balance du mauvais côté. De simples excuses auraient été tout aussi bienvenues qu'une couverture, visiblement "mitée". 

Terminons par l'affichage apposé, depuis le lundi 16 avril à la cale du Guet. Il est écrit… à la hache.

“Les personnes pratiquant la pêche à pied à l'intérieur de la zone portuaire, notamment entre l'île Tristan et la pointe du Guet, prennent des risques sanitaires.
La commune de Douarnenez rejette toute responsabilité en cas d'accident sanitaire.”

D'abord, en ne faisant que pêcher, les personnes qui pratiquent cette activité ne prennent aucun risque direct pour leur santé. C'est la consommation de leur pêche qui peut poser problème. Et puis, la commune rejette toute responsabilité en cas d'accident : ce n'est pas exact. 

La ville a été informée du problème et n'a pas relayé l'information auprès du public. Le littoral est sous sa responsabilité et les éléments qui le concerne aussi, qu'il s'agisse d'un risque naturel ou d'un risque sanitaire.

Quelques grandes marées sont au programme dans les semaines à venir. On observera avec attention la police municipale, sur le pied de guerre (si, si…), surveillant les zones de pêche ! A moins que la mairie considère qu'un simple avertissement suffise ?

Thomas Rocher.