Crise municipale. Faut-il parler à la presse quand il s'agit de tenir de tels propos ?

Màj. 04.06.2011 - 20h48

La télévision et la radio ont ceci d'embêtant que "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément" (Nicolas Boileau). Mais, quand ce n'est pas le cas, ça peut tomber à l'eau. C'est ce qui est arrivé à Philippe Paul, face à la caméra de France 3, visiblement.

Si vous n'avez pas regardé le 19/20 vendredi 3 juin, sur France 3 Ouest, vous avez ainsi loupé le sujet sur la crise qui secoue l'équipe municipale. Et vous avez aussi manqué les propos de Philippe Paul, sénateur-maire de la cité. (Vous pouvez revoir le reportage en cliquant ici)

N'y allons pas par quatre chemins. Cela ressemble réellement à une sortie de route. Le maire démarre tranquillement sur sa notion d'avoir des discussions.

«Quand on est dans une équipe municipale, si on a des choses à dire, on le dit en aparté ou en réunion de majorité. On n'étale pas ça, ces dysfonctions* en plein conseil municipal. C'était pas acceptable.»

*(N. F.) Ensemble des difficultés d'adaptation d'une unité sociale
à son contexte, entraînant éventuellement le changement ou
la disparition de cette unité.
(Ce concept est fondamental dans la théorie fonctionnaliste.).
Larousse en ligne.

Parions qu'il voulait plutôt parler de dysfonctionnements... Quoiqu'il en soit, c'est une manière, la sienne, de relater les turbulences que traverse la municipalité. Il n'en reste pas moins que ce n'est visiblement pas l'avis des conseillers. Mais, poursuivons cette transcription des propos de Philippe Paul.

« Moi, je suis tout le temps en mairie, sauf le mardi et le mercredi, quand je vais à Paris, euh en particulier pour des dossiers de la ville euh et euh c'est les adjoints en question qui me font ces reproches là euh.. Ils viennent ici en mairie, moi je ne les vois pas. Ils ne viennent jamais me voir et le premier adjoint il a disparu de la circulation depuis 4 mois. »

Et là, nombreux doivent être ceux qui, au choix sont tombés de leur chaise ou ont été pris d'un fou-rire, tellement cette saillie semble grotesque ! En effet, Philippe Paul est plus souvent aux abonnés absents que l'ensemble des conseillers en lutte contre l'édile. Les Sardines avaient d'ailleurs lancé un "Alerte Enlèvement" dès février 2010. Une opération qu'elles auraient pu renouveler en juillet de cette même année, pendant les fêtes maritimes, où passée l'inauguration, son besoin pressant de vacances avait eu raison de sa présence.

 

Par ailleurs, l'élu fait une triste description de son rôle de législateur. En bon parlementaire qu'il est, il aurait du éviter de parler de ses fonctions en indiquant aux Douarnenistes qu'il le fait essentiellement pour "des dossiers de la ville". A cette question, on lui demande à coup sûr de nous indiquer quels dossiers ? Avec qui ? pour quels résultats ?

La dernière "opération sénatoriale" que Philippe Paul met en vue sur son site est celle des "gourmandises de la mer". C'est bien. Mais ça fait avancer quoi, niveau dossiers, réellement ? Le problème du bisphénol-A, important pour les conserves, a-t-il par exemple, été évoqué ? On en doute. Une chose est certaine, les propos du maire restent intrigants. A croire qu'il n'y vit pas, à Douarnenez. Il croiserait William Boulic fréquemment aux halles, ou René-François Quéau sur le port de Tréboul. André Guillemot lui, c'est dans les salles de sport ou sur les terrains qu'il était encore, il y a peu. Quant à Paris et son travail de sénateur, retour dans les archives des Sardines.

Le Cocktail "Gourmandises de la mer" au Sénat, le 17 mai 2011.

Au final, personne n'aura été étonné d'apprendre que c'est bel et bien Jos Le Gall qui sera proposé au poste de premier adjoint. Là, on ne va plus rigoler... Les Sardines en folie ne resteront pas enfermées dans leur boîte pour autant ! "Indignez-vous",  dit Stéphane Hessel. Oui, indignons-nous ! A commencer par le 9 juin prochain, dès 18h, en mairie, pour le conseil municipal exceptionnel.

Thomas Rocher