Jean-Michel Le Boulanger
Jean-Michel Le Boulanger
Vice-Président du Conseil régional de Bretagne
Il venait de si loin
Rares sont ceux qui incarnent leurs territoires. Qui le représentent, intimement. Qui le portent en eux, dans toutes leurs fibres. Michel Mazéas était de ces élus. Il vivait Douarnenez, il vibrait Douarnenez, et la ville le lui rendait bien, l'élisant à sa tête un quart de siècle durant.
Ce Douarnenez des marins pêcheurs et des femmes d'usine, ce port des gens de peu, il était en lui, et il venait de loin. Son humus était de siècles et de siècles d'âpretés et d'espoirs. Avec ses grandeurs, ses contradictions, ses faiblesses parfois, Michel Mazéas a été la voix et le symbole d'une belle aventure. Humain, trop humain, définitivement.
Maire, il a su encourager les initiatives et ma génération associative lui doit beaucoup, MJC, Festival de cinéma, Mémoire de la Ville, Nuit des Rraouls, Arrivées d'air chaud, Fêtes maritimes et tant d'autres projets encore... Il ne faut jamais renier les siens. Les foisonnements, les expériences, les vitalités qui font de Douarnenez une ville toujours insolente et éruptive lui doivent, ainsi qu'à Jean Peuziat, ces espaces de liberté et ces épidémies de santé. Il y avait de la générosité dans leurs soutiens, de la générosité et de la confiance en l'avenir. Une générosité d'élans et de dynamiques collectives. Une confiance dans la jeunesse, dans l'émergence, dans les projets. Michel Mazéas est toujours resté instituteur, avec ce souci exigeant de la transmission et des avenirs à conquérir.
On parle beaucoup de ses colères. Il avait le verbe acéré, Michel Mazéas, lui qui maîtrisait la langue française avec le plaisir des esthètes et qui parlait avec le coeur le breton de ses tripes. Acéré, précis, et parfois blessant, quand les passions du débat public déposait la raison dans les arrière-cuisines. Orateur, débatteur, écrivain aussi, le verbe était arme et volupté. Ses discours ont marqué Douarnenez, et ses écrits resteront. A chaque occasion il tentait de plonger son propos dans la longue durée, pour s'abstraire des contingences de l'immédiateté. Dans l'histoire et ses enseignements, dans les méandres de la nature humaine, dans les civilisations anciennes, dans la foi des siens, il puisait les sources de ses réflexions. Au nom d'une certaine exigence qui tisse les fils d'une vie et construit un destin.
Fils du peuple de Douarnenez, enfant de l'école publique, communiste humaniste, Michel Mazéas a été Douarnenez. Avec excès parfois. Avec passion toujours. Une belle figure s'en est allée...
http://bretagne.france3.fr/2013/12/18/michel-mazeas-ancien-maire-de-douarnenez-est-decede-380147.html
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