Conseil municipal. Les halles, mais pas que...

Prenez un magicien débutant. Il est sur scène et pas peu fier de lui, se met à faire son tour de magie : faire sortir un lapin du chapeau. Abracadabra ! Un coup de baguette magique et le lapin est là. Tout le monde applaudit. Mais, notre jeune magicien est embêté. Il ne sait pas comment le faire disparaître, le lapin. Il le lâche alors dans la nature et le regarde s'éloigner. Pouf, pouf et pas magie.
 

C'est peut être ce tour loupé qui est en train d'arriver à Philippe Paul. Annoncé à grand renfort d'orchestres ronflants et de flonflons, le projet de transformation des halles ne ressemblait déjà hier, plus qu'à une idée qui n'aura durée que le temps de la mèche et de quelques étincelles. Le projet, c'était bien, mais.

Plus d'un observateur vendredi soir aura remarqué que ce projet n'était pas si solide que cela. Après un effet d'annonce avant le conseil municipal du mois d'octobre, où Philippe Paul indiquait à la cantonade que le projet avait reçu des commerçants des halles un accueil unanime, le soufflé est retombé. Unanimité, il n'y a pas. Mais à cela est maintenant venu s'ajouter la contestation des commerçants alentours.

Douarnenez c'est les halles

Les opposants au projet de refonte des halles ont nourri le public.

Les gendarmes postés sur le parking de la mairie n'ont pas eu à intervenir.

Vendredi, la salle comptait environ quatre-vingt spectateurs. Une quinzaine d'entre-eux étaient des commerçants des halles et alentours, sans compter leurs soutiens. Et dès le départ, Yannick Bidan, conseillère municipale d'opposition (Vivre Douarnenez) a sonné l'alarme : "Je demande que Dominique Tillier ne participe pas au vote. Il y a conflit d'intérêt". Il faut en effet rappeler que l'élue de la majorité, en charge des affaires scolaires, est aussi à la tête d'une échoppe de crêpes aux halles.

"Je suis là pour représenter les commerçants des halles", glissera alors la conseillère municipale. Cette réflexion ne manquera pas de faire réagir le public, goguenard. Tangi Youinou et Monique Prévost rappelleront à l'élue qu'elle est avant tout là pour représenter tous les Douarnenistes. Une idée que certains conseillers semblent avoir du mal à embrasser, après plus de trois ans passés aux commandes.

Un dossier à gérer autrement

Geneviève Fréour pour la gauche ne manquera pas de tacler le dossier, point par point. Un avant-projet flou et inexact, l'absence de proposition d'autres lieux pour réaliser une telle salle, la possibilité pour la ville de laisser la communauté de communes porter le dossier. Elle finira son intervention en qualifiant celui-ci de "poussif, fait dans l'urgence" et termine sous les applaudissements, agaçant un peu plus la majorité.

Dominique Tillier lance alors une pique en direction de l'opposition. Énervée et plantée droite des ses bottes, elle demande : "Vous vous en foutez des commerçants ?". Elle enfonce le clou s'adressant à William Boulic pour lui demander ce qu'il fait sur le sujet pendant trois ans. Les rancœurs sont tenaces.

Philippe Paul reprendra alors la barre pour tenter de redresser un débat fort chahuté. Après avoir fait le constat que les halles étaient vides, que faire ? "Tout est amendable. Essayons de faire quelque chose pour le centre-ville ensemble."

Encore du reuz

William Boulic revient dans le débat. Il indique que deux ans auparavant, un premier tour d'horizon du dossier des halles avait été réalisé et avait dégagé la piste d'un nécessaire "relookage" et d'une renégociation du prix des échoppes. "Les gens sont inquiets. Il faut les rassurer. Se limiter à sept commerçants, c'est tuer les halles. Avec le nouveau projet, je ne suis pas sûr qu'ils restent tous".

Dominique Tillier, "la crêpière" comme l'avait malencontreusement appelé le représentant de la SAFI lors du conseil municipal d'octobre,  reprend la parole : "ben y'aura de la place, comme ça". "Continuez, on parlera de vous comme fossoyeurs des halles", réplique l'élu d'opposition. Et repartent les débats sur d'autres possibilités.

L'ancien Inter : trop cher. Derrière les locaux de la CCPDz ? "Vous en avez parlé en conseil communautaire en indiquant vouloir y faire une piscine", lance le maire à son ancien premier adjoint. "Là, y'a de quoi se noyer", lâche ce dernier. Tangi Youinou lance alors "j'ai honte. C'est une piètre image du débat public que nous donnons".

Joyeux bourbier

La possibilité de sortir par le haut, de ce qui se présente comme un bourbier sans nom, s'est éloignée. Après la lecture d'un message par Dominique Tillier dont on ne sait au final si c'est un soutien au projet ou non, Hugues Tupin raille une dernière fois sur le projet : "redynamiser le centre-ville devient 'redonner un nouveau souffle aux halles'. C'est singulier comme démarche".

Tout le monde est éreinté. Partisans et opposants ne s'écoutent pas, ne s'entendent pas. Annick Le Goff demande le vote à bulletin secret. Comme Yannick Bidan, Elisabeth Hascoët demande que Dominique Tillier ne vote pas. Tangi Youinou idem.

Le vote est clos, les bulletins sont dépouillés. La délibération est votée : 19 votes pour (avec le vote de Dominique Tillier), 14 contre. Que répondrait le préfet à la demande d'examen d'un possible conflit d'intérêts ? 

A suivre…

Thomas Rocher.