Les Halles, pot de pus des majorités de droite en cité penn-sardin ?

Lors de la réunion publique à l'auditorium, Philippe Paul, sénateur-maire de Douarnenez, a présenté aux quelque soixante-dix autochtones présents, le projet de refonte des Halles. En vue, la création d'un espace qui devrait accueillir à terme de la culture, du festif, de l'économique via des congrès, et… du commerce. Et le pari ne semble pas gagné, loin de là. 

Une heure et demi de présentation et d'échanges n'ont pas permis à l'auditoire de sortir convaincu des bienfaits de cette transformation. Au-delà des formules, parfois à l'emporte-pièce, qui tiennent plus de la conviction personnelle que d'autre chose, le but de Philippe Paul était bel et bien d'asseoir le projet. Ni plus, ni moins.

Une profonde refonte

Philippe Paul présente le
projet à l'assistance.

Ce futur pôle culturel à vocations multiples et la revalorisation commerciale en "cœur de ville" est l'affirmation d'une volonté de la majorité : "créer un ensemble ramassé à une échelle raisonnable". Des halles, en l'état, il ne resterait rien. Les échoppes sont renvoyées sur le flanc droit du bâtiment. Un ensemble qui sera agrandi, au gré d'une emprise sur l'espace disponible : le trottoir longeant l'édifice, rue Eugène Kérivel.

Au final, dix voire douze espaces commerciaux seraient disponibles. Actuellement, sept échoppes seulement poursuivent leurs activités dans les halles. La place serait par ailleurs réaménagée pour mieux accueillir les commerçants "ambulants", et notamment leur fournir de l'électricité. Le maire évoquait même la fourniture d'un toit de toile, façon parasol ou parapluie, suivant la météo.

Place à la culture

En rez-de-chaussée et sur le niveau intermédiaire, la salle de spectacle. 585 m², 280 places assises et 700 personnes debout, gradins amovibles à l'appui. La salle disposera d'un hall d'accueil de 143 m². A l'étage, la salle des fêtes. L'entresol accueillera un balcon, surplombant la salle de spectacle, et quelques salles de réunion. Sur 796 m², la salle des fêtes sera remaniée en un espace avec grandes et petites salles, réfléchis notamment pour accueillir congrès et conventions.

L'intervention de la SAFI a permis de découvrir les espaces et volumes en plans, mais aussi d'aborder le volet budgétaire. Il a bougé, depuis la présentation faite en octobre 2011. De 2,88 millions d'euros hors taxes, il atteint maintenant 4,27 millions. C'est un peu plus de 48% de hausse que le projet présenté initialement. Mais puisque l'État, la Région, le Département et la communauté de communes abondent au projet de la mairie…

Un public peu réceptif 

Il ne faudra pas longtemps à Philippe Paul et aux élus présents pour ressentir que le public n'est que peu voire pas du tout réceptif au projet. Dans les réactions marquantes, on retiendra : "moi, je quitte Douarnenez si l'on fait ça à ce prix", ou encore "vous avez lancé une idée, vous pouviez faire mieux". On entendra aussi évoquer "une salle au rabais". A propos du volet culturel, ce sera "un projet bloquant" et "une jauge peu viable". "Un projet évolutif ailleurs aurait été mieux vu."

Et des préoccupations des riverains émergent aussi les aléas qui se poseront. La Safi a eu beau vanter des aménagements avec salles de stockage et de dégagement, une riveraine viendra interpeller Philippe Paul sur les rues étroites, ne permettant pas à un semi-remorque chargé de matériels d'accéder aux lieux en toute sécurité. Ce sera la seule réponse du maire de la soirée : "mais si, ça passe". Une réponse qui n'a pas levé les inquiétudes.

Doute, non. Rejet, oui

Même si aucun plan définitif (mais seulement "un projet à affiner") n'existe pour le moment, l'assistance présentait, au-delà du simple doute sur la viabilité du projet, le front du refus. "Faire ce projet, c'est tuer les halles et le centre-ville" dira l'une des participantes. Dix ans après le précédent réaménagement, les halles restent un sujet sensible.

Le maire et la représentante de la Safi ont eu beau clamer que chacun y trouverait son compte, que les commerçants ne seraient pas pénalisés et seraient les premiers à bénéficier de la refonte, que cette idée était la plus viable, l'assistance est restée de glace. Il y aurait eu un vote à l'issue, la réponse à la question "êtes-vous pour ou contre le projet ?" aurait été "contre" à une très large majorité.

Thomas Rocher.

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Le calendrier

Appel d'offre – architecte : 12 décembre 2012 – Choix : printemps 2013

Délivrance du permis : automne 2013 

Appels d'offres entreprises : été 2014

Fin des travaux et livraison : 2015

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Vite dit !

Moins cher que du neuf

Sur le prix de l'aménagement, le sénateur-maire n'y est pas allé par quatre chemins : "c'est 9 millions d'euros, sans le terrain, pour une salle neuve". S'il le dit. Reste qu'à ce prix là, ce doit être un Zénith, non ? Mais, si c'est comme l'ancien Intermarché, ça peut baisser.

Parking

Les travaux des halles achevés, il faudra alors s'attaquer au stationnement. La solution reste pour le moment celle du parking Béziers qui serait doté d'un étage. Ça plane toujours.

Entendu…

Une partie des travaux pourrait se faire le week-end. De quoi agacer un peu plus les participants, dont quelques riverains.

Des "travaux gigognes"

Les travaux seront réalisés par tranches distinctes. Les premiers servis seront les commerçants. Tant qu'aucune poupée n'est oubliée ou perdue, on aura alors un ensemble complet.

Complètement foutrac

"Actuellement, les halles sont faites de bric et de broc"*. Phrase définitive du maire sur l'état des lieux. Même si les halles pourraient être plus jolies, de bric et de broc, c'est peut-être abuser, non ?

* Ensemble d'éléments hétéroclites rassemblés au hasard.

Une vision malthusienne

Non, Philippe Paul ne s'oppose pas aux naissances. Ce concept lui a été proposé face au peu d'évolutivité dont bénéficieraient les halles dans la partie commerces après réaménagement.

Vista !

"Le centre-ville se dépeuple. Les commerces aussi. L'activité économique ne se décrète pas" a dit Philippe Paul. Reste qu'on se demande alors quand même pourquoi il existe une commission économie à Douarnenez-communauté…

La CCI y travaille

Fini les bisbilles entre la ville et la CCI. Le Douarneniste René Le Pape, premier vice-président de  la CCI en charge du commerce l'a affirmé : "la CCI recherche des contacts auprès de diverses enseignes pour s'implanter en ville". Bonne nouvelle.

Pas touche !

"On fera ces aménagements (dans l'actuelle salle des fêtes, ndr) sans toucher aux tableaux. De toute façon, on ne peut pas. Ils sont classés." C'est Philippe Paul qui l'a dit. Mais comment certains tableaux, classés eux-aussi, peuvent parcourir le monde au gré d'expositions diverses ?

Énervé

C'est l'état dans lequel Philippe Paul est sorti de la réunion. Visiblement excédé par cette  soirée, le sénateur-maire est reparti, le pied à fond sur l'accélérateur, largement au dessus des 30 km/h autorisés sur cette portion de route au Port-Rhu. Espérons que son passage au Nautic lui aura rendu le sourire !